Quelques mots autour du Karma

inspiré par Alan Watts “Daoist way of dropping out from karma” and “the Indian idea of karma and how it relates to our participation in the world”

Le Karma

En Inde, il existe une croyance selon laquelle lorsqu’une personne est en route vers la libération, pour se libérer du cycle de souffrance et de renaissance, le premier problème est de se libérer de son karma passé.

La définition littérale du mot karma est l’action, faire, le fait.

La théorie populaire autour du mot karma est qu’il s’agit de la somme de nos actions.

En Inde, la croyance populaire est : le karma est une forme de loi morale que l’on créé en soi, ou une loi de punitions et de châtiments. Toutes les bonnes et mauvaises actions sont suivies de conséquences. Sachant cela, le sage essaie de pratiquer le Nishkam Karma. Nishkam signifie sans passion, sans attachement et le Karma signifie agir. Donc Nishkam Karma signifie renoncer aux bénéfices de ses agissements. Agissant ainsi, le sage évite de créer du Karma futur. Le Karma futur nous maintient dans ce désir de devenir saṃsāra, le cycle de renaissance et de souffrance, et nous maintient donc dans le cycle de réincarnation.

Lorsque l’on réussit à sortir du Karma, tous les créanciers se présentent pour passer au paiement. Par exemple, une personne qui commence à pratiquer le yoga pourrait commencer à se sentir mal, ou à imaginer la mort de ses enfants, ou toutes sortes de catastrophes. Ceci parce que sa dette karmique est entrain d’être effacée. Lorsque l’on vit une vie moderne quelconque, on se sent rarement pressée d’effacer sa dette karmique. Par contre, lorsque l’on s’embarque dans un cheminement spirituel, on peut ressentir un certain empressement. Alors, parce que ce genre de connaissance nous parvient, cela peut nous décourager.

Les chrétiens pourraient exprimer une idée similaire en disant que si l’on prévoit de changer sa vie, mieux vaut que le diable ne soit pas au courant. Il s’y opposerait de toutes ses forces pour que l’on n’échappe pas à ses griffes. Par exemple, si vous buvez trop et que votre résolution du nouvel an est d’arrêter de boire de l’alcool, c’est très dangereux. Car le diable ainsi le saura et vous confrontera. Pour contourner les tentations, vous pourriez créer une sorte de compromis en disant “aujourd’hui je ne boirais pas, mais peut-être demain” et puis le lendemain “aujourd’hui je vais essayer de ne pas boire un jour de plus” et le lendemain “ne pas boire un jour de plus ça ne fera pas de différence”. L’idée est d’agir dans le moment présent pour éviter que le diable n’ait vent de votre intention secrète de continuer tous les jours de l’année. Il existe une stratégie encore meilleure qui serait que le diable ne soit au courant de rien. Cela voudrait dire ne rien savoir soi-même.

Dans la discipline zen, agir sans préméditation est un enseignement de grande importance.

Dans la voie spirituelle ou tout autre nom que l’on pourrait lui donner, l’un des problèmes majeurs est la capacité d’avoir une intention et d’agir simultanément. Ce serait une manière d’échapper au Karma et au Diable.

Le taoïste pourrait être considéré comme exemplaire dans ce domaine. Un chemin qui mène à notre vraie nature, qui mène au Tao serait le moment présent. Quand on prend conscience que le moment présent est le Tao, que le moment présent n’a ni passé ni présent, il est éternel. Voilà le Nirvana.

Notre relation au temps

L’idée de progression dans le temps est erronée. Le Printemps ne devient pas l’Été. D’abord, il y a le Printemps, ensuite vient l’Été. De la même manière, la personne que je suis ne devient pas la personne que je serai. Je ne suis pas la même personne que celle que j’étais avant de commencer à rédiger cet article. Ces différents Moi sont séparés, chacun dans un espace différent. Pourtant, en réalité, il n’existe que la personne ici et maintenant. Cette personne ici et maintenant n’est pas celle qui mourra. Nous sommes un flux constant. Mais la continuité de la personne depuis le passé vers le présent et vers le futur est une illusion. Nous ne vivons pas cette apparente progression dans l’écoulement du temps.

Tant que nous vivons uniquement dans l’instant présent, il n’y a aucun souci. Les soucis existent seulement lorsque l’on imagine le présent fusionner avec le passé et le futur.

Le mécanisme de nos pensées

“À quoi ressemble l’esprit d’un enfant ?” demanda-t-on un jour au maître zen Jôshû. Il répondit “comme une balle dans le ruisseau d’une montagne, les pensées se suivent sans obstacles”. L’esprit innocent d’un enfant est comme celui d’une personne éclairée et ouverte. Les pensées surviennent les unes après les autres, sans hésitation, comme le son qui émerge d’un tambour. Ainsi va le cours de la pensée. Alors quel est cet obstacle que nous rencontrons régulièrement ? C’est la recherche d’une forme de succession, voire de cohérence entre les pensées. Nous nous accrochons à nos pensées.

Par exemple, comparons nos pensées à l’écoute de la musique. Écoutant la musique, nous entendons une mélodie parce que nous nous rappelons d’une séquence d’intervalles et de tonalités. Nous nous rappelons des tonalités qui précèdent celles que nous entendons, et nous sommes habituées à anticiper ce qui vient. Dans la mesure où nous entendons ce que nous avions anticipé, nous avons la sensation de comprendre la musique. Ceci dit, lorsque le musicien ne suit pas les règles, nous avons alors la sensation de ne pas comprendre la musique. Et s’il a l’audace de créer certaines harmonies auxquelles nous ne sommes pas habituées, alors ça doit être raté ou nul. Notre perception de la musique et notre capacité à entendre une mélodie dépend des sons passés présents et futurs.

Cela veut-il dire éliminer toute forme de sens, et vivre seulement le moment présent qui n’aurait aucun sens ? D’une certaine façon, on pourrait dire que oui. Cela pourrait simplement vouloir dire voir les choses telles que sont.

Par exemple, qu’est-ce qui nous terrifie dans la mort ? Lorsque nous mourons, nous tombons raide, raide mort rien de plus. Ce qui créé le problème, c’est que nous nous accrochons à notre passé. Toutes ces actions menées, toutes ces réussites, toutes ces personnes qui sont nos amies, tout cela va disparaître. Tout ce à quoi nous nous identifions, qui est seulement notre mémoire, tout va disparaître. Voilà ce qui nous terrifie.

Imaginons que nous sommes à la fin d’un weekend qui fut particulièrement agréable. Demain n’existe pas et pourtant nous pensons déjà au travail qui nous attend. Pourquoi cela nous embarrasse ? Pour certains d’entre nous, cela pourrait même gâcher la fin de journée, avec cette petite voix qui ressasse dans la tête “oui, mais…”.

Le matin, au réveil, si nous pensons à toutes les tâches à accomplir, nous pourrions nous sentir triste et plein d’ennuie. La réalité est que nous sommes simplement allongées, tranquillement, dans le lit, lieu que nous pouvons même parfois considérer comme l’un lieu des plus confortable de la maison.

La tradition taoïste nous dit “Vie simplement maintenant et tu n’auras aucun problème”. La tradition zen nous dit “Mange lorsque tu as faim, dors lorsque tu es fatigué, marche lorsque tu veux marcher, assis-toi lorsque tu veux t’assoir”. Dans la pratique du Bouddhiste, il n’y a pas besoin d’effort. Chaque jour peut être un bon jour, à condition qu’il n’y ait que ce jour, et qu’il ne soit lié ni au précédent ni au suivant.

Le plus amusant serait qu’une fois que nous vivons les évènements uniquement comme ils sont, dans le moment présent, nous pourrions alors recommencer à jouer, à créer des connexions, à chercher du sens. Parce que nous avons appris à vivre pleinement le moment présent, le passé et le futur ne nous hantent plus. Nous savons désormais que cette continuité du soi n’est qu’une illusion. Se souvenir du passé et anticiper le futur est alors un jeu.

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© 2024 Karen Le Guennic - Praticienne Shiatsu

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